abaslesprisons

 

C’est dans les années 1970 à Bourges… ou peut-être ailleurs en France. Un mur de prison ? Et les mots ont fait le mur, ils se sont fait la belle. Mais ils ne sont pas allés très loin, ils ont été repris au pied du mur laissant échapper quelques ultimes revendications éphémères, vite effacées et vite recommencées. Il s’en suit une cacophonie de signes, comme le bruit des timbales heurtant les barreaux., quand un vent de protestation fait vibrer jusqu’aux portes du désert les palmiers ou l’herbe haschischine. Cependant , il reste qu’« écrire , c’est une arme plus puissante qu’un coup de poing » Rubin « Hurricane » Carter,. parole de boxeur. Mais les détenus restent en prison, « en France dans 188 établissements, soit 48 603 places. Or ils sont plus de 60 000 détenus (autant qu’à la libération), gardés par 22 358 surveillants. La plus grande part des détenus (26%) a entre 30 et 40 ans. Enfermement et promiscuité entraînent un taux de suicides six fois supérieur à la moyenne nationale. Un nouveau programme devrait aboutir à la construction de 13 200 nouvelles places. » (Historia n°688 avril 2004). Le béton et le maton ont un bel avenir sous l’œil de Satan. Il reste à mettre en pratique une « technique de l’exil » élaborée par Léo Ferré : « J’avais de l’écriture une opinion indescriptible. Le vent écrit des songes, des valeurs ; Tel arbre ployant, à telle heure et sous l’énergie d’autan m’est un dessin furtif que je catalogue et qu’il m’est bien difficile de traduire. Pour traduire un paysage, il faudrait que je me décapite. Alors, il n’y aurait rien eu. RIEN : c’est un mot qui pratique une philosophie non gravitée. La seule dont on doive se méfier. C’est dans la dimension du rien que la loi se casse la figure. Je rêve d’une criminologie rétro versée. Sans crime. Une criminologie négative qui me servirait à monter des négatifs jamais vus. Je songe à des photos du « moins ». La poésie ainsi formulée – dans le manque- obligerait à tout réinventer, ce qui est absurde. Un arbre « non arbre », un arbre innommé, autant dire qu’un sexe de femme est égal au chiffre 2546. Chez moi, je donne un nom aux chênes. Je les classe, et les glands ne sont plus perdus. Ils m’en veulent de n’être plus dans cet anonymat du groin sentant craquer tout leur volume sous les dents de la bête. Ils souffrent dès lors de l’identité. Si je ne m’appelle pas, je ne suis pas. La vie sociale c’est de l’anthropométrie. »